Gajner, une erreur de parcours…

Mercredi 26 août 2009

En chemin pour Gajner, nous faisons halte dans un hôpital privé pour faire mon deuxième vaccin contre la rage, puis dans une toute petite ville dont je n’ai même pas retenu le nom afin de visiter un temple jaïn. Un homme du coin se met à nous parler du mode de vie des jaïns et de toutes les contraintes auxquelles ils sont soumis : ni alcool, ni tabac, régime strictement végétarien (les jaïns ne mangent rien qui provienne du meurtre d’un animal ou qui ait poussé sous la terre), ils cessent de manger après le coucher du soleil. Pour les prêtres, les conditions de vie sont encore plus strictes : ils n’ont pas le droit de prendre le moindre véhicule, ils se déplacent donc toujours à pied, sans chaussettes ni chaussures. Ils ne portent pas de couleurs, vivent à l’écart, les hommes avec les hommes, les femmes avec les femmes. Ils doivent passer huit mois de l’année en déplacement pour enseigner les préceptes de leurs croyances. Enfin, deux fois par an, ils doivent se couper les cheveux et la barbe sans instruments… Autrement dit, ils s’arrachent littéralement les cheveux !

Après ce cours improvisé, l’homme nous invite dans l’une de ses quatre maisons où sont entreposées les multiples collections de son père de soixante-treize ans. La plus importante de toutes est sa collection de casse-noisettes. Il en a de toutes sortes. Nous voilà au milieu d’objets plus insolites les uns que les autres : une boîte à épice en forme de fleur, une vache en bois dont la position des oreilles indique si une jeune épouse est heureuse ou non chez son nouveau mari, un cadenas à cinq clés… Une vraie caverne d’Ali Baba !

Dans l’après-midi, nous arrivons enfin à Gajner. En entrant dans un tout petit village, j’ai le sourire aux lèvres. Lorsque nous avions composé le voyage avec La Maison des Indes, nous avions précisé que nous souhaitions voyager un peu en dehors des sentiers battus afin de mettre à profit ma connaissance du hindi et de rencontrer la population locale. En voyant les petites maisons, les chèvres, j’ai naïvement pensé que c’était là que nous allions séjourner… Mais la voiture quitte rapidement le village pour s’enfoncer dans un bois. Nous roulons encore un long moment et arrivons au Gajner Palace, un ancien palais de chasse loin de tout !

Maman-qui-n-a-pas-la-langue-dans-sa-poche ne cesse de répéter : « No, no, no ! Not good ! On ne va pas rester là ! No, no, no ! » De mon côté, je rigole bien à la voir ainsi se débattre. Je me dis que l’hôtel est agréable, que l’on va se reposer. Mais je déchante rapidement. Certes, c’est un beau fort, avec un lac, blablabla. Mais soyons francs : nous sommes paumées au milieu de nulle part et nous nous ennuyons comme des rats morts ! Ajouter à cela le fait qu’il n’y a strictement personne d’autre dans l’hôtel… Autant dire que l’ambiance est plutôt morne, pour ne pas dire glauque.

Dépitée, je passe la chambre au peigne fin. Je suis affamée. Dans le minibar : une bouteille d’eau et une barre chocolatée à l’emballage moisi d’humidité. Nous allons nous plaindre à la réception, preuve à l’appui. L’employé se contente de déballer le Toblerone sous nos yeux et de nous dire que nous pouvons le manger. « Si vous avez besoin de quoi que ce soit, appelez la réception ». Nous en restons coites. Dans la soirée, Maman-survoltée appelle l’agence de voyages afin de dissiper ce léger « malentendu » quant à l’expression « sortir des sentiers battus » et de s’assurer qu’une expérience similaire ne va pas se reproduire sur les dernières étapes de notre périple…

Gajner Palace

P.O. Gajner

Tehsil Kolayat 334 001

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Catherine Derieux

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