Mardi 20 juillet 2010 :
Ce matin, c’est à regret que nous avons quitté la petite auberge pleine de charme de Nara et son personnel chaleureux (mais pas notre voisin de chambre dépourvu de toute délicatesse). Nous nous sommes rendues à la gare pour prendre la ligne JR jusqu’à Osaka. Dans le train, nous nous sommes émerveillées devant les sièges au dossier rabattable qui permettent de toujours s’asseoir dans le sens de la marche. Je suis régulièrement étonnée de découvrir ces petites trouvailles et inventions nippones qui simplifient tellement la vie de tous les jours. Je suis d’ailleurs souvent surprise de ne pas retrouver ces gadgets et systèmes dans d’autres pays…
Depuis le wagon, nous apercevons un roller coaster imbriqué dans un building. Je m’esclaffe, m’exclame et m’extasie. Il a l’air absolument génial ! Nous réalisons bien vite que l’attraction en question se trouve à deux pas de notre hôtel à Osaka. Il s’agit du Festival Gate. Pourtant, aucun cri, aucun wagon qui passe à toute vitesse… Un rapide tour sur internet nous apprend que le parc d’attractions a fermé pour cause de faillite. Je ravale ma déception et reporte mon enthousiasme sur notre visite à Amerika-Mura.
Ame-Mura (pour les initiés) est le quartier des expatriés et surtout le lieu de rassemblement des jeunes branchés d’Osaka. À l’ouest de la gare de Shinsaibashi se concentrent bars, night-clubs et surtout… des milliers de magasins ! Ame-mura est le quartier de la mode et surtout le lieu rêvé pour découvrir le shopping à la japonaise. Avec Marion-San, nous avons donc commencé par nous attaquer à l’immense OPA, un building d’une dizaine d’étages comportant uniquement des boutiques. Si nous avons vite passé le rez-de-chaussée (Marc Jacob et autres robes soldées à 20 000 yens…), Marion-San et moi avons pris notre temps dans les boutiques aux couleurs vives et acidulées. Nous hésitions tous les trois pas devant un sac ciré en forme de tête de chat, un gilet dont le col formait un petit monstre, des jeans imprimés ou encore des maillots de bain à l’effigie de mascottes de marques de céréales. Dans les hauteurs d’OPA, j’ai réellement failli craquer pour une robe au style militaire absolument sublime et hors de prix. J’ai pu échanger quelques mots en japonais et en anglais avec la vendeuse. J’ai fini par essayer la robe (format japonais !) mais en voyant la quasi-totalité de mes jambes nues sous ce bout de tissu, je n’étais que moyennement convaincue… La vendeuse, elle, semblait ravie. Était-ce parce qu’elle avait l’impression d’habiller une poupée vivante ou bien simplement le fait de savoir que nous étions françaises ?
Après avoir arpenté le building de haut en bas, j’ai parcouru de nouvelles boutiques avec ma comparse jusqu’à ce que nous tombions sur le lieu de perdition la plus totale, j’ai nommé : Body Line ! Autrement dit : le sanctuaire des Gothic Lolitas. Au menu, imitations des uniformes des plus grandes universités japonaises, robes à froufrous et dentelles, capuches aux oreilles de chats… Du rose, du rose et du kawaii, le tout à des prix étonnamment (très) abordables. Pendant plus d’une heure, nous nous sommes ainsi usé les yeux sur les couleurs criardes et les oreilles sur les tubes Disney aux remix corsés ! Parmi ces débordements de nipponeries importables, j’ai pu dénicher quelques tenues plus dans mes goûts et que je pourrais exhiber dans la rue sans avoir l’impression de sortir d’une émission du Club Dorothée. Pour moins de 85€ chacune, nous sommes toutes les deux ressorties avec plusieurs kilos de tissus, quelques accessoires improbables et une paire de chaussures à grelots pour ma comparse.
Après avoir délesté nos portes-monnaies de plusieurs billets, nous sommes rapidement repassées à l’hôtel essayer nos tenues (car ce n’était pas possible au magasin, gros hic des stocks de grandes marques) et déposer nos sacs. Nous sommes ensuite allées explorer les alentours : le quartier populaire de Shinsekai (rebaptisé « la Chine s’écaille »… no comment). Si certaines rues multiplient les enseignes lumineuses et les employés de restaurant qui essaye de vous racoler, sous les arcades en revanche, l’ambiance est plus morose. Les rideaux de fer baissés s’enchaînent et nous croisons plusieurs sans-abri ainsi que quelques silhouettes titubantes, une bouteille d’alcool à la main. Si cela ne change rien au sentiment de sécurité que nous éprouvons dans le pays, il est vrai que l’atmosphère ici est différente. Le quartier est peut-être plus pauvre que ce que nous avons vu jusqu’à présent, mais les habitants semblent moins froids et distants. Plusieurs d’entre eux nous saluent, nous adressent des signes de la main… Ceux qui apprennent que nous venons de France semblent plus qu’enthousiastes ! La promenade est donc agréable, excepté peut-être lorsque nous nous approchons d’un peu trop près de la carte d’un restaurant et qu’une demi-douzaine d’employés d’enseignes concurrentes se ruent sur nous en criant…
Après avoir photographié la Tsutenkaku Tower sous tous les angles et sous différentes lumières, nous reprenons le chemin de l’hôtel pour dîner de nos achats au conbini en attendant l’heure du bain… public !
Hé oui, dans notre merveilleux « business-hôtel » où les employés ne parlent pas un mot d’anglais, il n’y a pas de douche privée ni de WC dans les chambres… Nous avons donc du attendre une heure du matin que se termine la session des hommes pour enfiler notre yukata et nos chaussons sans forme et aller nous laver. Dans le sentô (le bain public), il y a déjà une Japonaise occupée à se récurer les pieds. Pas très à l’aise, nous attendons quelques minutes dans le vestiaire qu’elle ait fini, mais elle ne semble pas décidée à quitter les lieux. Comme le temps nous est compté (la session féminine du bain dure à peine une heure), nous nous décidons finalement à entrer, contraintes de laisser notre pudeur au placard. Nous prenons donc place sur les tabourets (format japonais toujours…) et commençons à nous savonner. Une fois bien propre, nous nous glissons avec délectation dans le bain chaud.
À notre départ, la Japonaise en est toujours à s’occuper de ses pieds…
Prochaine escale :
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