Survoler la Grande barrière de corail

Lundi 6 février 2012

Des ondes régulières parcourent les herbes hautes. Le bruit est assourdissant. Mes cheveux volent dans tous les sens. Un gilet de sauvetage attaché autour de la taille, je m’avance, à la fois excitée et nerveuse. J’ouvre la porte et me hisse à l’intérieur de l’engin. J’attache ma ceinture de sécurité et vise le casque sur mon crâne. Le bruit est soudain assourdi et j’entends la voix sympathique du pilote qui me salue. Bientôt, nous prenons de l’altitude et je peux embrasser d’un seul regard le paysage jusqu’à l’horizon. L’ombre des rares nuages s’étale sur l’eau couleur d’émeraude.

Ce 6 février 2012 est probablement l’un des jours les plus incroyables de ma vie. Non seulement, j’ai fait mon baptême de l’air en hélicoptère, mais j’ai également survolé certaines merveilles naturelles parmi les plus belles du monde et ai fait de la plongée sur la Grande barrière de corail.

Pendant les quarante-cinq minutes que dure le vol, je ne cesse d’écarquiller les yeux, de m’exclamer. J’ai tout simplement le souffle coupé. Nous survolons la Whiteheaven Beach où nous nous sommes baignés la veille. La marée est haute, l’eau progresse à l’intérieur des étendues sablonneuses, dessinant comme une aurore boréale descendue du ciel vers la terre. Un peu plus loin, c’est même une galaxie aquatique que nous observons. Je n’avais jamais réalisé qu’il pouvait y avoir une telle ressemblance entre les beautés de l’espace et de l’océan. Cela explique peut-être l’amour que je porte à ces deux mondes…

L’hélicoptère se dirige vers le large. Sous nos pieds, l’eau semble s’étendre à l’infini, toujours de cette couleur incroyable, saisissante. Jamais je n’aurais cru que cette teinte subsisterait aussi loin de la côte. Elle a toujours été pour moi intrinsèquement liée à ces plages de sable fin que l’on voit sur les brochures de papier glacé. Voilà qu’aujourd’hui, elle gagne une vie propre et se propage sur des kilomètres. Elle s’amuse et prend les libertés alors que nous approchons de la Grande barrière de corail. On croirait survoler un tableau, mais il semble que même le plus talentueux des peintres ne parviendrait jamais à une telle harmonie, à de telles nuances.

Voilà que nous approchons du célèbre Heart Reef, ce récif corallien en forme de cœur que j’avais découvert dans une autre vie à travers les livres de Yann Arthus-Bertrand. Pas une seconde ne m’était venue à l’esprit l’idée qu’un jour je le verrai de mes propres yeux, que projetée dans les airs, je ferai moi aussi ce cliché de carte postale. Cela semble presque irréel. C’est donc à ça que ça ressemble, réaliser ses rêves ? Je possède désormais l’arme la plus redoutable pour accomplir l’impossible : le souvenir de l’avoir déjà fait.

Finalement, l’hélicoptère se pose sur une plateforme flottante, une navette nous emporte vers le navire principal. J’agite la main vers le pilote. Je suis encore là haut.

Après un déjeuner léger, je pars avec Thierry farfouiller dans des bacs contenant palmes, masques et tubas. Nous sélectionnons un peu au hasard nos combinaisons et, dans nos tenues d’hommes-poissons, nous préparons à entrer dans l’eau. La zone d’exploration est délimitée par des bouées sur lesquelles des mouettes prennent le soleil. Mon regard franchit la barrière aquatique et le monde change sous mes yeux. Des nuées de poissons bleutés tourbillonnent autour de moi. Serait-ce de là que l’eau tire sa couleur, vue du ciel ? Je bats des palmes, longe le mur de corail, ouvre grand les yeux. Je poursuis tant bien que mal de petits poissons zébrés, jaunes, verts… J’observe de loin leurs cousins format géant. Puis vient un moment où le masque de Thierry devient trop inconfortable, où le mien, qui ne cesse de fuir, m’agace. Nous avons fait le tour de l’espace délimité par les bouées. Voilà bien une heure que nous sommes sous l’eau. Nous remontons donc à bord, allons nous sécher au soleil, sur des transats. Nous prenons le dernier tour en semi-submersible de la journée pour aller observer à nouveau les fonds marins, mais au sec.

À notre retour, les haut-parleurs crépitent, le bateau va bientôt prendre le chemin du retour. Nous rassemblons nos affaires et allons prendre place sur une banquette moelleuse, près de la vitre pour admirer sans fin l’océan. Je suis épuisée mais heureuse. Alors que mes paupières s’alourdissent, je laisse mon esprit vagabonder, les souvenirs affleurer. Je flotte aux frontières du sommeil. La tête dans les nuages. Les pieds dans l’eau.

Pour voir le reste de mes photos, c’est par ici !

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Catherine Derieux

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