Istanbul – Partie 1

Mercredi 13 avril 2011 :

La valise est bouclée. Les sacs qui resteront avec nous en cabine également. Les appareils électriques sont éteints et débranchés, les poubelles sorties. Dernière vérification : le passeport est bien là, la carte bleue, l’adresse de l’hôtel… Tout est prêt. Deux tours de clé dans la serrure et nous voilà partis pour une petite semaine de vacances en direction d’Istanbul !

Au départ, ce devait être un voyage organisé par le Club photo dont mon homme et moi-même sommes membres. Mais les dates annoncées en janvier ayant été modifiées, nous avons dû organiser nous-mêmes notre départ aux dates initiales. Contre mauvaise fortune, bon cœur, nous aurons au moins gagné au change de loger dans un charmant petit hôtel, avec chambre double et salle de bain privée au lieu du dortoir partagé… Au lieu d’un voyage en groupe avec photo à haute dose, ce sera une semaine en amoureux, l’appareil plutôt délaissé au fond du sac.

Nous faisons escale à Francfort. Alors que l’avion approche, des routes se dessinent au sol, telles des veines translucides. Les voitures défilent, pareilles à des fourmis en file indienne. Bientôt, ce sont des îlots entiers de lumière qui émergent de l’obscurité… À peine le temps de souffler après l’atterrissage, nous nous retrouvons rapidement pris dans la masse qui se précipite pour embarquer sur le vol en direction d’Istanbul. Le chaos ambiant me surprend. Mais il commence à être tard et la fatigue enveloppe tout de son voile ouaté.

Jeudi 14 avril 2011 :

Il est deux heures du matin passées. Nous collons nos visages au hublot, ne pouvons retenir un soupir d’admiration. Sous nos yeux se révèle le Bosphore illuminé. Istanbul apparaît tout en relief, comme faite de la lueur même de milliers de bougies chancelantes. Nous apercevons la Mosquée bleue… Notre hôtel nous attend à proximité, mais pas pour tout de suite ! La nuit ne fait que commencer, et elle promet d’être longue…

Dans le hall des arrivées, malgré l’heure avancée, tous les magasins sont encore ouverts. Le bureau de change également. Une femme, pieds nus posés sur sa valise, bien emmitouflée dans un coin, pianote sur son ordinateur portable. Des gens dorment sur les sièges, bras ballants, bouche béante. Trois heures trente. Nous prenons place dans les moelleux fauteuils d’un café. Les minutes s’égrènent, nous tuons le temps tant bien que mal… Jeux vidéo sur console portable, dernières pages d’un ouvrage longtemps traîné. Six heures. Alors que Thierry lutte courageusement contre la fatigue, je sombre une heure dans un sommeil agité.

J’ouvre les yeux, un peu perdue. Il me faut un moment pour m’habituer à la lumière, retrouver mes repères. Il est sept heures et des poussières. Doucement, nous rassemblons de frêles bribes de courage et nos bagages pour nous diriger vers la station de métro de l’aéroport. Nous achetons de curieux jetons rouge vif, rapidement dévorés par le tourniquet. Sur le quai, nous n’attendons pas bien longtemps. Six stations, changement à Zeytinburnu, nous grimpons dans le tram qui nous emporte vers Sultanahmet.

Neuf heures trente. Dans la rue Akbiyik, où les terrasses des restaurants se pressent les unes contre les autres, nous errons plusieurs minutes sans trouver notre hôtel. Nous demandons notre chemin. Le jeune homme nous demande d’attendre un instant et part à la recherche de l’adresse indiquée, il revient, nous demande de le suivre. Il arpente la rue, salue les uns, taquine les autres. Finalement, après quelques minutes de marche, il esquisse un geste triomphant en direction de l’enseigne « Anzac Wooden House ». Nous sommes enfin arrivés ! Le jeune homme s’empresse déjà de rebrousser chemin. Je le rappelle, ouvrant maladroitement mon sac. Je voudrais le remercier de sa gentillesse. Il pense que je veux lui donner de l’argent, refuse, repart. Lorsqu’il me voit finalement sortir un paquet de bonbons colorés, il se ravise, sourit, hésite un instant et attrape l’une des douceurs au papier froissé.

À l’auberge, nous patientons près d’une heure à la réception, au rez-de-chaussée. Dix heures trente. Nous nous décidons à monter sur la terrasse couverte au dernier étage où une employée sert le petit déjeuner. Elle parle à peine anglais mais nous fait comprendre qu’aucune chambre n’est encore disponible. Il faudra revenir plus tard !

Les quelques heures qui ont suivi, passées dans un restaurant au plafond étoilé de lampes colorées, ont été empruntent de la lourdeur de l’épuisement. À treize heures, enfin, nous obtenons notre sésame pour le paradis : un grand lit moelleux à souhait !

Photos by Thierry Tournié

 

Prochaine escale :

Istanbul – Partie 2

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Catherine Derieux

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