Paris / Delhi

L’Inde, je l’ai tellement rêvée, imaginée, lue, regardée, goûtée, écoutée… que j’ai la sensation d’y avoir déjà posé le pied. Les images qui hantent mon esprit sont comme les souvenirs fanés que les années auraient peu à peu estompés. Et lorsque je tends devant moi mes mains avides de les palper, ces bribes disparates s’évaporent en épais nuages de fumée. C’est comme vivre entre deux réalités. Le pied malaisé croit trouver un appui sûr sur le fantasme si adroitement bâti qu’il en a le goût illusoire de la réalité. Mais il trébuche et hésite entre deux marches, l’une depuis longtemps dépassée, et l’autre qui paraît encore hors de portée.

 

Il m’aura fallu trois ans avant que mon désir d’aller en Inde ne soit satisfait. Trois longues années où il a d’abord fallu rassurer mes parents inquiets puis trouver un compagnon de voyage. J’avais à peine acheté mes billets d’avion, aux combles du bonheur, que la camarade de classe qui devait m’accompagner m’annonçait qu’elle ne viendrait finalement pas… J’avais encore assez peu voyagé à l’époque et je ne me sentais pas la force ni le courage de partir seule. Imaginez alors ma colère et ma déception. Face à tant de malchance et de déconvenues, c’est ma gentille maman qui s’est finalement dévouée pour m’accompagner, alors que ce pays ne l’attirait pourtant pas le moins du monde ! Bien évidemment, le « voyage sac à dos » n’était plus d’actualité dans ces conditions. Mais la version « Nouvelles Frontières et quarante touristes au derrière » était tout aussi hors de question pour moi. Nous avons alors trouvé un compromis, et le 10 août 2009, je m’envolais pour Delhi !

 

PARIS / DELHI

 

Lundi 10 août 2009, somewhere in the sky

Nous y voilà enfin. Après trois ans d’attente, je suis en route pour l’Inde. Je n’ai que très peu dormi et, depuis que je suis dans l’avion, je sens mes paupières s’alourdir de minute en minute. Mais je reste à l’affût de ces petits détails annonciateurs. Quelques phrases en hindi que mon oreille glane ici ou là. Le turban d’un beau vieux sikh tiré à quatre épingles qui dépasse de son siège juste devant moi. Les lettres devanagaris qui ornent le menu Air France et les saveurs épicées des plats que l’on m’apporte. Cette fois, les images et les saveurs sont bien réelles et ne s’évaporent plus lorsque je tente de les saisir… Je laisse doucement ma tête basculer sur le côté et je m’endors, le sourire aux lèvres.

 

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Catherine Derieux

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