Le grand départ (Partie 2)

Aéroport de Paris Charles de Gaulle, terminal 1.

Je retrouve mon homme, un sourire complice aux lèvres. Nous nous mettons dans la file pour nous enregistrer auprès d’Air China. « Vous poursuivez jusqu’à Sydney ? Alors il faudra récupérer vos bagages à Shanghai et faire un nouvel enregistrement. En revanche à Pékin, vous n’avez pas besoin de sortir de l’avion. » Nos bagages s’éloignent sur le tapis roulant. Rendez-vous en Chine ! Nous ne sommes pas particulièrement ravis de devoir refaire toutes ces démarches à Shanghai, mais au moins ainsi, nous sommes sûrs de bien retrouver nos sacs à l’arrivée !

Il est maintenant temps de dire au revoir à Paris et à la France. De dire au revoir aux parents, venus nous accompagner jusque-là, et qui aimeraient nous accompagner encore un peu plus loin… Ma sœur n’a pas pu venir malheureusement (je t’embrasse fort fort fort frangine !) Je l’ai eue au téléphone un peu plus tôt, frustrée et un peu triste, ayant du mal à me laisser raccrocher. Ma grande sœur, qui promet de venir me rejoindre si jamais je décide de ne pas revenir, de rester au pays des kangourous… Mais d’ici là, elle va tellement me manquer !

Cette fois, c’est nous qui nous éloignons sur un tapis roulant. On agite la main en direction de ceux qu’on laisse derrière soi… Enfin seuls, juste tous les deux, ça y est, nous sommes vraiment partis. On se regarde, on se sourit, contents de vivre cette aventure ensemble. Avec lui, c’est une partie de ma vie parisienne, un peu de ma maison qui part avec moi en Australie, alors je suis bien. Avec lui, je suis toujours chez moi en fait.

Contrôle des passeports. Puis contrôle des bagages. Je me retrouve à vider la quasi-intégralité de mon sac dans des bacs. Je dois sortir ordinateur et appareil photo… bien évidemment sagement rangés dans le fond ! Et bien évidemment, je sonne. Fouille corporelle et nouvelle partie de Tetris. Mais cette fois, je suis rodée. Puis direction la porte d’embarquement. J’achète deux petites bouteilles d’eau pour 3,60€. Les joies de l’aéroport et des restrictions de sécurité sur les liquides. Maintenant, il faut prendre son mal en patience. Vers 20h, nous montons enfin dans l’avion. Il est plein de Chinois plutôt mal élevés qui se parlent d’un bout à l’autre de l’appareil. Je sens que ce premier vol va être long. Malgré la fatigue (j’ai peu dormi la nuit dernière), je n’arrive pas à trouver le sommeil et me sens trop épuisée pour me concentrer sur quoi que ce soit… Les dix heures qui nous séparent de Pékin sont interminables. Peu avant l’arrivée, une hôtesse qui pourraient tout aussi bien être une héroïne d’un film de Wong Kar-Wai nous tend une fiche d’immigration à remplir. Je lui explique que nous ne restons pas en Chine, que nous allons à Sydney. Elle hoche la tête et me reprend le formulaire. Pas la peine.

Aéroport de Pékin

L’atterrissage a été un peu rude. J’ai mal aux oreilles, mal aux jambes. Je me sens un peu barbouillée et surtout complètement épuisée. Je ramasse tant bien que mal les lambeaux de ma bonne humeur. Nous avons franchi la première étape ! Assis sagement dans nos sièges, l’hôtesse à Paris nous ayant indiqué que nous n’aurons pas à quitter l’appareil pendant cette escale, nous sommes un peu inquiets de voir l’avion se vider totalement. Nous interrogeons l’hôtesse qui nous apprend que nous devons quitter l’avion pendant que l’on y fait le ménage. Si ce n’était que cela… En vidant les lieux, nous croisons un couple de Français également en route pour Sydney afin de rendre visite à leur fils. Eux aussi semblent un peu perdus, alors on se suit de loin en loin. Cela nous rassure. On pense mutuellement : « c’est bon, les frenchies sont là, on ne s’est pas trompés ». Finalement, il nous faut repasser des contrôles de sécurité. Je me glisse dans une file d’attente estampillée en gros « foreigners ». Thierry en profite pour prendre quelques clichés de l’aéroport. Le hall est immense, une sorte de cathédrale aérienne qui me fait ouvrir de grands yeux. Quand je me retourne vers ma file d’attente, je crois à une mauvaise blague. « Chinese residents » brille désormais en lettres jaunes au-dessus du guichet… Je râle et change de file. Lorsque vient notre tour, on nous réclame la petite fiche jaune. Celle que l’hôtesse nous avait reprise. On nous envoie la remplir. Un agent vient jeter un œil derrière notre épaule. Devant la case « visa number », j’hésite. Je l’interroge, lui expliquant que nous n’avons pas de visa pour le territoire chinois car nous ne sommes qu’en transit. Et là, les ennuis commencent. Nous n’avons pas de billets papier pour l’Australie, même pas de version imprimable de nos billets électroniques. Alors on nous renvoie au guichet d’enregistrement, escortés par une hôtesse. On trottine dans l’aéroport, un peu inquiets tout de même. Nos compatriotes nous jettent des regards incertains. On nous cherche dans l’ordinateur, on remplit un petit bulletin vert que l’on colle sur notre passeport. On retourne dans la file, mais cette fois-ci, ni en « Chinese residents » ni en « Foreigners » mais en « Special Lane ». Mince, il manque un papier ! Le justificatif pour les bagages. Moment de panique. Thierry pique un petit sprint à sa recherche. Il revient, un peu essoufflé, le papier fugitif à la main. « C’est la fille à l’enregistrement que l’avait gardé ! » me lance-t-il, agacé. Après ces rebondissements et péripéties, nous obtenons enfin notre sésame : un énorme cachet rectangulaire tamponné sur notre passeport.

Le couple de Français nous a gentiment attendus et nous rattrapons finalement assez facilement le reste des passagers, retenu au contrôle des bagages cabines. De nouveau, il faut déballer, remballer. Et enfin, on peut embarquer dans le même avion, à la même place que nous avons quittée il y a deux heures de cela. Tout ça pour ça…

Photos by Thierry Tournié

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Catherine Derieux

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