La malédiction du bus, suite et fin (du moins on l’espère bien !)

Après mes mésaventures aquatiques et une semaine de temps maussade, nous quittons Forster pour nous rendre à Brisbane, capitale du Queensland. Pour cela, il faut une nouvelle fois passer par… Taree (pour ceux qui suivent). Mais avant cela, nous devons attraper un bus, ce fameux engin motorisé avec lequel nous avons tendance à avoir la guigne.
Cette fois-ci, on a fait du repérage, on a bien vérifié les horaires bref, on s’est vraiment préparés.

Nous sommes obligés de quitter notre cocon cosy du Bella Villa Motor Inn à 10h et notre bus est aux environs de 13h. Nous avons donc trois heures à tuer, chargés de tout notre paquetage. Nous décidons de coloniser l’office de tourisme, situé à deux pas notre arrêt de bus (le terminal de la ville, non vraiment, on ne peut pas se tromper) et doté de confortables canapés. Pendant trois heures donc, Thierry se bat avec sa console de jeu portable et moi je bouquine un pavé de Simone de Beauvoir (tant qu’à partir aussi loin et aussi longtemps, autant prendre un bouquin qui tient un peu la distance).

Un quart d’heure avant le moment fatidique, nous migrons vers le terminal de bus, on ne veut prendre aucun risque. Encore douze minutes. Puis dix. Puis huit. Ce que le temps me semble long ! Finalement un bus s’approche… de plus en plus… et… ne s’arrête pas. Je suis au bord de la crise de nerfs. On décide de patienter encore un peu. Nous sommes au bon endroit, bien en vue, ce devait être un autre bus. 13h05. 13h08, je me ronge les ongles jusqu’aux phalanges.

Finalement, à 13h10, un nouveau monstre à quatre roues fait son apparition. J’en crierais presque de joie. Les passagers descendent et nous nous approchons, traînant difficilement nos lourds bagages. Le chauffeur nous baragouine alors quelques mots dans une langue incompréhensible. On le fait répéter trois fois au moins mais aucun mot connu ne semble vouloir émerger. « Taree ? Vous allez bien à Taree ? » Oui, il va. Alors pourquoi ne veut-il pas nous laisser monter ? Finalement, je parviens à assembler quelques fragments : « peux pas vous prendre… pas l’droit… peux pas… perdre mon boulot ». Les choses semblent bien sérieuses pour que ce brave chauffeur y risque son emploi.

13h15. Le bus démarre et nous le regardons s’éloigner, au bord du gouffre de l’incompréhension et de la frustration. Nous prenons de nouveau d’assaut l’office de tourisme. Lorsque nous expliquons aux gentilles hôtesses que le vilain monsieur du bus n’a pas voulu nous laisser monter à bord, trois regards blancs nous font face. Apparemment, nous ne sommes pas les seuls à ne pas tout saisir dans cette affaire. Finalement, une quatrième employée élucide le mystère (mouais mouais…) : il y aurait des questions de licences en jeu entre différentes compagnies de bus et celle-ci n’aurait pas le droit de transporter des locaux ou quelque chose comme ça.

C’est du charabia mais ce qui nous importe, c’est de nous rendre à Taree pour y prendre le train (prévu à 21h, heureusement car on dirait que nous ne sommes pas prêts d’y arriver). L’une des employées, dans un éclair de génie, nous tend un papier : les horaires de l’autre compagnie de transport, celle que nous sommes autorisés à prendre. L’arrêt est à cinq minutes et le prochain véhicule passe dans une heure et demie. Nous savons ce qu’il nous reste à faire. Nous ramassons notre chargement, saluons ces dames et faisons cap vers notre nouvelle destination. Pour une nouvelle session console/lecture en compagnie de deux affreux jojos qui écoutent une musique imbuvable sur le haut-parleur crépitant de leur téléphone portable tout en se bécotant à gros coup de langue. Un régal.

À heure dite, le bus pointe le bout de son capot et nous emmène à bon port. Il est quinze heures. Allez, plus que six heures à tenir !

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Catherine Derieux

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